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adam bede.

pas d’enfant, car elle ne s’était jamais mariée, et elle m’a soignée avec autant de tendresse que si j’eusse été sa propre fille.

— Et elle aura eu joliment à faire, j’en réponds, une femme isolée comme elle, à vous élever depuis toute petite ; ce n’est pas facile de créer un doux agneau. Mais je peux bien croire que vous n’étiez pas violente, car vous avez l’air de n’avoir jamais de votre vie été en colère. Qu’avez-vous fait à la mort de votre tante et pourquoi n’êtes-vous pas venue dans ce pays, ayant aussi madame Poyser pour tante ? »

Dinah, voyant que l’attention de Lisbeth était excitée, lui raconta l’histoire de sa jeunesse, comment elle avait été façonnée à un rude travail, quelle espèce d’endroit était Snowfield, et combien de gens y menaient une vie pénible, détails qu’elle pensait devoir intéresser Lisbeth. La vieille femme l’écoutait et oubliait ses angoisses, soumise, sans s’en apercevoir, à la douce influence de la figure et de la voix de Dinah. Un peu plus tard elle fut amenée à laisser remettre la cuisine en ordre, car Dinah y tenait beaucoup, persuadée que le sentiment de l’ordre et du calme autour d’elle l’aiderait à disposer Lisbeth à se joindre à la prière qu’elle souhaitait lui faire. Seth, pendant ce temps, sortit pour couper du bois, car il devinait que Dinah serait bien aise d’être seule avec sa mère.

Lisbeth, assise, surveillait ses mouvements habituellement calmes et prompts, et lui dit enfin : « Vous savez ce que c’est que de nettoyer. Je ne craindrais pas de vous avoir pour fille, car vous ne dépenseriez pas le gain de mes garçons en beaux habits et en dégâts. Vous n’êtes pas comme celles de par ici. Je m’aperçois que les gens sont différents à Snowfield.

— Ils mènent un genre de vie tout autre pour la plupart, dit Dinah ; ils travaillent à différentes choses, quelques-uns