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adam bede.

ser retombant du ton sec à celui plus doux de l’affection. L’eau bout, et il sera prêt dans une minute ; les enfants vont rentrer et voudront le leur tout de suite. Je ne demande pas mieux que de vous voir aller vers la pauvre vieille, car vous êtes toujours la bienvenue dans l’affliction, méthodiste ou non ; et quant à ça, ce n’est que la nature des gens qui fait la différence. Il y a des fromages de lait écrémé et d’autres de lait frais, et quelque nom que vous leur donniez, vous pouvez les distinguer à l’apparence et à l’odeur. Pour Thias Bede, c’est un bon débarras, Dieu me pardonne de le dire, car il n’a guère fait autre chose ces dix dernières années que de mettre les siens dans la gêne ; et je pense que vous feriez bien de prendre une petite bouteille de rhum pour la vieille femme, car je crains qu’elle n’ait pas la moindre petite chose pour fortifier son corps. Asseyez-vous, mon enfant, et tenez-vous tranquille, car vous ne partirez pas avant d’avoir pris une tasse de thé, c’est moi qui vous le dis. »

Pendant la dernière partie de ce discours, madame Poyser avait pris sur les étagères ce qu’il fallait pour le thé, et se dirigeait vers l’armoire pour chercher une miche, suivie de près par Totty, que l’on avait vu paraître au bruit des tasses. Hetty vint de la laiterie, soulageant ses bras fatigués en les élevant et joignant les mains derrière sa tête.

« Molly, dit-elle presque langoureusement, courez me prendre un paquet de feuilles ; le beurre est prêt à empaqueter.

— Avez-vous appris ce qui est arrivé, Hetty ? dit sa tante.

— Non ; comment voulez-vous que j’apprenne quelque chose ? répondit-elle avec un accent de dépit.

— Ce n’est pas que cela doive beaucoup vous inquiéter, je pense, quand vous le saurez ; vous avez la tête bien trop légère ; si tout le monde mourait, vous n’y feriez guère attention, pourvu que vous puissiez rester là deux heures