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adam bede.

pas ? Pourquoi ne vous promenez-vous jamais dans le parc ? Maintenant il est si vert et si agréable ! Je ne vous vois nulle part, si ce n’est ici ou à l’église.

— Ma tante n’aime pas que j’aille me promener sans un but, dit Hettv. Mais je passe quelquefois par le parc.

— Et n’allez-vous jamais voir madame Best, la femme de charge ? Il me semble que je vous ai vue une fois dans sa chambre.

— Ce n’est pas madame Best, c’est madame Pomfret que je vais voir, la femme de chambre de milady. Elle m’enseigne le point de marque et le raccommodage de la dentelle. Je vais demain après-midi prendre le thé chez elle. »

On aurait l’explication d’un si long tête-à-tête, si on avait pu voir dans l’arrière-cuisine Tottv frottant contre son nez un sac de bleu égaré et faisant couler par la même occasion une abondance de gouttes d’indigo sur son fourreau de l’après-midi. Mais elle arrive maintenant, le bout de son nez fraîchement savonné, tenant la main de sa mère.

« La voici ! dit le capitaine en l’enlevant de terre et l’asseyant sur une des tablettes de pierre. Voilà Tottv ! Mais, à propos, quel est son autre nom ? On ne l’a pas baptisée Totty.

— Oh ! monsieur, nous avons tort de l’appeler ainsi. Charlotte est son nom de baptême. C’est un nom de la famille de M. Poyser ; sa grand’mère s’appelait Charlotte. Nous avons commencé par lui dire Lotty, et maintenant cela est devenu Totty ; c’est vrai que cela ressemble plus à un nom de chien qu’à celui d’un enfant chrétien.

— Totty est un fameux nom. Elle a l’air d’un vrai tonton ! N’a-t-elle pas une poche ? » dit le capitaine en fouillant dans celle de son propre gilet.

Totty, avec un grand sérieux, souleva aussitôt son sarreau, pour montrer une petite poche rose tout à fait aplatie pour le moment.