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adam bede.

çons. Je désire que tous les plus jeunes enfants, nés sur la propriété, se trouvent là, tous ceux qui seront de beaux hommes et de belles femmes quand je serai un vieillard chauve.

— Ô cher monsieur, il se passera bien du temps d’ici là ! » dit madame Poyser, tout à fait captivée par cette manière simple de parler de lui-même du jeune gentilhomme, et pensant quel intérêt prendrait son mari à lui entendre raconter cet exemple remarquable de gaieté de bon ton. Le jeune capitaine avait la réputation d’être pétri de plaisanteries et était en grande faveur sur tout le domaine, à cause de ses manières faciles. Chaque tenancier était persuadé que les choses iraient bien mieux quand il tiendrait les rênes ; il y aurait une abondance de portes neuves, de distributions de chaux et de rabais de 10 pour 100.

« Mais où est Totty aujourd’hui ? dit-il. Je voudrais la voir.

— Où est la petite, Hetty ? dit madame Poyser. Elle est entrée ici, il n’y a pas longtemps.

— Je ne sais pas. Elle est allée à la brasserie, vers Nancy, je pense. »

L’orgueilleuse mère, incapable de résister à la tentation de montrer sa Totty, passa tout de suite dans l’arrière-cuisine pour la chercher, non toutefois sans l’appréhension qu’il ne fût arrivé quelque chose qui pût la rendre, elle et son costume, peu présentables.

« Est-ce que vous portez le beurre au marché après l’avoir préparé ? dit le capitaine à Hetty.

— Oh ! non, monsieur, c’est d’un trop grand poids ; je ne suis pas assez forte pour cela. Alick l’emporte sur le cheval.

— Non ; je suis bien sûr que vos jolis bras n’ont jamais été destinés à de si lourds fardeaux. Mais vous sortez quelquefois pour une promenade par ces belles soirées, n’est-ce