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il sort de la forme avec une surface si belle, ferme comme du marbre d’une pâle teinte dorée.

L’habileté d’Hetty a faire le beurre était remarquable ; c’était la seule de ses opérations que sa tante laissât passer sans critique sévère ; aussi s’en acquittait-elle avec toute l’aisance qui appartient au talent reconnu.

« J’espère que vous serez prête pour une grande fête, le 30 juillet, madame Poyser, dit le capitaine Donnithorne quand il eut assez admiré la laiterie et donné son opinion improvisée sur les turneps de Suède et sur les courtes-cornes. Vous savez quelle en est l’occasion, et je compte que vous serez du nombre des invités arrivant le plus tôt et se retirant le plus tard. Voulez-vous me promettre votre main pour deux danses, miss Hetty ? Si je n’obtiens cette promesse maintenant, je sais qu’il me restera à peine une chance, car tous les élégants jeunes fermiers s’empresseront de vous inviter. »

Hettv sourit et rougit ; mais, avant qu’elle pût répondre, madame Poyser s’interposa, scandalisée à la seule supposition que le jeune gentilhomme pût être remplacé par des danseurs d’un rang inférieur.

« Vraiment, monsieur, vous êtes bien bon de penser à elle. Je suis sûre que chaque fois qu’il vous plaira de la demander, elle en sera fière et reconnaissante, dût-elle ne pas bouger tout le reste de la soirée.

— Oh non ! ce serait être trop cruelle pour tous les autres jeunes gens. Mais vous me promettez deux danses, n’est-ce pas ? » continua le capitaine, déterminé à obtenir un regard et une parole.

Hetty fit la plus jolie petite révérence, et lui lança un regard moitié timide et moitié coquet en disant :

« Oui, monsieur, je vous remercie.

— Et vous amènerez tous vos enfants, vous savez, madame Poyser ; votre petite Totty, aussi bien que les gar-