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« Oh ! je ne doute pas qu’elle ne soit en bon ordre. Montrez-la-moi, » dit le capitaine en allant le premier, suivi par madame Poyser.


CHAPITRE VII

la laiterie

La laiterie était vraiment digne d’être vue ; c’était un endroit à rechercher avec une ardeur fébrile en sortant de routes chaudes et poudreuses. C’était une fraîcheur, une pureté, une si bonne odeur de fromage frais, de beurre ferme, de vases de bois continuellement baignés dans l’eau pure. Il y avait un coloris si doux de poterie rouge à surface de crème, de bois brun et d’étain poli, de pierre grise et de rouille d’un rouge orangé sur les poids de fer, les crocs et les gonds ! Mais on ne recevait qu’une notion bien confuse de ces détails en voyant une jolie et attrayante jeune fille de dix-sept ans, debout sur de petits patins et arrondissant son bras à fossette pour ôter une livre de beurre des balances.

Hetty rougit vivement quand le capitaine Donnithorne entra dans la laiterie et lui adressa la parole ; mais toute cette rougeur n’était pas d’épouvante, car elle était ornée de sourires gracieux, et des étincelles jaillissaient sous des longs cils noirs et relevés. Cependant sa tante discourait sur la petite quantité de lait que l’on pouvait consacrer au beurre et au fromage tant que les veaux n’étaient pas tous sevrés, sur la grande infériorité du lait abondant donné par les vaches à courtes cornes, que l’on avait achetées comme essai, et sur d’autres sujets qui devaient intéresser un jeune gentilhomme devant être un jour propriétaire.