non plus ! Qu’avez-vous à rester là comme un tournebroche qui n’est pas remonté, au lieu de sortir votre rouet ? Vous êtes une fille précieuse pour vous mettre à l’ouvrage un instant avant qu’il faille le quitter.
— Mama, mon fer tout foid ; si plaît, fais-le sauffer. »
La voix de chérubin qui présente cette requête vient d’une petite fille aux cheveux dorés, de trois à quatre ans, assise sur une chaise haute au bout de la table de repassage, serrant avec difficulté l’anse d’un fer en miniature de sa grasse main, repassant des chiffons avec une assiduité qui fait sortir de sa bouche une petite langue rose, autant que faire se peut.
« Il est froid, ma chérie ? Bénie soit ta douce figure ! dit madame Poyser, remarquable pour la facilité avec laquelle elle pouvait sauter du ton officiel de la réprimande à celui de la tendresse et de la conversation amicales. C’est égal ! mère a fini son repassage à présent. Elle va soigner tout ça.
— Mama, ze voudais aller dans la ganze avec Tommy pou voi les bouillers.
— Non, non ; Totty se mouillerait les pieds, dit madame Poyser en emportant son fer. Cours dans la laiterie ; va voir cousine Hetty qui fait le beurre.
— Ze voudais un moceau de gâteau, continua Totty, qui paraissait pourvue d’envies et qui en même temps saisit l’occasion d’un repos momentané pour planter ses doigts dans une grande tasse d’empois et la renverser, de manière à en vider presque tout le contenu sur le drap de repassage.
— A-t-on jamais vu ça ? s’écria madame Poyser en courant vers la table, dès que ses yeux tombèrent sur le courant bleu. Les enfants ne font que des sottises si on tourne un instant le dos. Que faut-il te faire, sotte, sotte fille ? »
Totty, cependant, était descendue de sa chaise avec beaucoup d’agilité et battait déjà en retraite vers la laite-