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bition juvénile de M. Irwine étaient associés à des poésies et à des beautés littéraires bien éloignées de la Bible.

D’un autre côté, je dois dire à son avantage, car j’ai une affection toute partiale pour la mémoire du recteur, qu’il n’était point vindicatif, — et quelques philanthropes l’ont été, — l’on prétend même que quelques zélés théologiens n’ont pas été tout à fait à l’abri de ce reproche — et que quoiqu’il eut probablement refusé de se sacrifier pour quelque cause publique et fût loin de distribuer tous ses biens pour nourrir les indigents, il avait cette charité chrétienne qui a quelquefois manqué à d’illustres vertus. Il était indulgent pour les fautes du prochain et peu enclin à supposer le mal. C’était un de ces hommes, et ils ne sont pas très-communs, dont on ne peut connaître les meilleurs côtés qu’en les suivant loin de la place publique, de la tribune ou de la chaire, en entrant avec eux dans leur propre demeure, en les écoutant parler aux jeunes et aux vieux de leur foyer domestique, en étant témoin des soins attentifs qu’ils donnent avec bienveillance à leurs compagnons de chaque jour comme une chose naturelle et qui ne mérite aucun éloge.

De tels hommes, heureusement, ont vécu même sous l’empire de grands abus et ont pu en être quelquefois les représentants. C’est une pensée qui peut nous soulager en face du fait opposé, qu’il vaut mieux quelquefois ne pas suivre les grands réformateurs plus loin que le seuil de leurs demeures.

Mais quelle que soit maintenant votre opinion sur M. Irwine, si vous l’aviez rencontré dans cette après-midi de juin, monté sur sa jument grise, ses chiens courant à ses côtés, l’air franc, aisé et mâle, avec un sourire de bonne humeur sur ses lèvres bien modelées, parlant à son brillant compagnon monté sur la jument baie, vous auriez trouvé que malgré le peu de conformité de sa vie avec les