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introduction.

faites à la fois par plusieurs auteurs, et sur plusieurs points de l’Europe ; pourquoi, enfin, les conséquences de faits anciennement connus, après avoir échappé pendant long-temps à tous les anatomistes, sont devenues presque en même temps évidentes pour tous. Sans doute, par cette étude curieuse et instructive du passé, il nous sera donné de comprendre mieux l’état présent de la science, et d’entrevoir, peut-être même de hâter son avenir.

L’histoire de la science des monstruosités nous présente trois périodes, marquées par une tendance particulière des esprits, et que je vais chercher à faire connaître par leurs traits les plus saillans et les plus caractéristiques.

Des observations vagues, incomplètes, recueillies au hasard ; des ouvrages où l’on voit à peine briller une vérité utile au milieu de cent erreurs grossières ; les plus absurdes préjugés admis sans hésitation, et de nouvelles preuves apportées sans cesse à leur appui ; des explications enfantées par la superstition, et toujours dignes d’une semblable origine : tels sont les tristes caractères de la première et de la plus longue des trois périodes dont j’ai à présenter le tableau.

Cette période, que l’on pourrait distinguer par le nom de fabuleuse, ne se termine pas au temps d’Ambroise Paré, comme on pourrait le conclurede remarques faites dans plusieurs ouvrages modernes. Tout le dix-septième siècle, et peut-être même les premières années du dix-huitième, doivent être rapportés à cette longue enfance de la science. Il est vrai qu’à cette époque, et même beaucoup plus tôt, la science possédait déjà quelques observations intéressantes[1] ; mais ce n’était là que de rares exceptions, aux-

  1. La plupart ont été publiées dans les Éphémérides des curieux de la