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ple, ils n’avaient pas senti la nécessité des progrès. Les usages des premiers temps du monde avaient suffi à leur vie, et la langue d’Adam et de Noé à leurs pensées. Ils ne connaissaient pas de lois, ils n’avaient d’histoire que leurs traditions ; ils avaient vécu sans littérature, sans arts, sans guerre, sans civilisation, sans épées, sans passions, ignorant que ces choses fussent nécessaires aux autres hommes.

Quand on les découvrit, ils étaient quatre cent cinquante, dont deux cents femmes. Leur étonnement ne peut se décrire lorsqu’ils virent d’autres hommes avec leurs usages et leur civilisation monstrueuse pour eux. Ils se façonnèrent bientôt à ces nouveautés étranges, et quand les hommes civilisés eurent épuisé les sucs de leurs traditions, de leur langue et de leur existence pour en faire de l’histoire, ils leur firent part de cette civilisation, et les habitants de Boulma eurent aussi, après trois années, des mœurs, des passions, une littérature, des arts, un commerce, des armes, un sous-préfet ; en un mot, une civilisation comme le reste du monde, les infortunés !