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heur, s’avançait ainsi sur un char traîné par un peuple sur ce fumier d’or et de soie.

Il est à remarquer comme un trait caractéristique de cet enthousiasme, qu’aucune de ces pièces d’or ou d’argent ne fut enlevée ou prise par qui que ce fût ; mais, après le départ de l’empereur, elles furent recueillies avec respect et versées dans le trésor de la commune. Les étoffes de soie et de velours que le passage de la foule et les traces des roues avaient si vivement altérées, n’en furent que plus recherchées, et les femmes les plus brillantes s’en parèrent avec fierté. On les appelait des étoffes au pavé.

À Châlons-sur-Saône, un monument triomphal d’une forme nouvelle et gigantesque apparut de loin et long-temps avant que l’empereur ne fût arrivé aux portes de la ville. C’était un globe colossal sur lequel était dessinée la géographie de la terre ; ses dimensions étaient extraordinaires, et un de ses pôles semblait enfoncé dans le sol.

Quand Napoléon fut près de ce singulier trophée, il y lut ces mots en lettres d’or : « Au maître du monde. »

— « Pas encore, » dit-il en souriant à ceux qui l’entouraient.