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taient sous les roues de sa voiture et criaient aux hommes qui la traînaient : « Avancez donc ! nous voulons mourir devant lui et pour lui ! »

Car, depuis Marseille, le peuple ne souffrait pas qu’un cheval fût attelé à cette voiture sacrée, lui-même s’y attachait en foule, et il y avait des luttes ensanglantées pour obtenir cet honneur.

À Valence, Napoléon étant descendu pour prendre un moment de repos, la voiture fut enlevée, détruite, déchirée en mille morceaux ; le bois, le cuivre, le fer lui-même se brisaient sous cet enthousiasme comme le verre le plus friable ; les morceaux innombrables de cette grande relique étaient répandus parmi la foule, tandis qu’une voiture magnifique, envoyée en hommage par la ville de Lyon, était substituée à celle qu’on venait d’anéantir.

Mais à Lyon surtout, ce délire fut à son comble ; il y avait des rues entières dont le pavé était recouvert des plus riches étoffes de soie, des velours les plus précieux. À mesure que la voiture avançait, les hommes jetaient sous les roues de l’or et de l’argent, les femmes se dépouillaient avec des cris de joie de leurs parures et de leurs écharpes et les répandaient à terre, et l’empereur, le cœur gonflé de bon-