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les cieux, s’écriait plus stupéfait encore : « Napoléon ! »

En abordant, et seulement alors, les officiers de marine reconnurent que cette terre était Ténériffe. La statue était le pic lui-même, dont les formes avaient été miraculeusement sculptées, afin qu’il sortît de cette montagne l’image colossale du souverain du vieux monde.

C’était le trophée de gloire préparé à Napoléon par l’Europe, comme s’il ne pouvait plus être fait d’arc triomphal pour une tête si haute. Depuis cinq années, les trésors, l’enthousiasme et les bras des Européens s’étaient acharnés à cette montagne, et l’avaient assouplie aux formes de l’empereur. Les plus illustres artistes, David à leur tête, avaient été convoqués pour cette merveilleuse entreprise, et, depuis cinq années, des armées de sculpteurs, employant plus souvent le canon et la mine que le ciseau, s’étaient constamment occupés de ce monument prodigieux qu’ils venaient de terminer.

L’empereur trouva dans l’île les rois de l’Europe, ses ministres et sa cour. Tous étaient venus jusque-là à la rencontre du souverain absent depuis six années, l’attendant à l’abri de sa statue.

Le secret le plus profond avait été gardé à