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avait reconnu dans son admiration l’image de Napoléon.

Quelques jeunes matelots plus craintifs et plus superstitieux s’approchaient de lui, et se demandaient si ce n’était pas le soleil levant qui s’arrêtait derrière le vaisseau pour projeter et fixer au firmament l’ombre immense de Napoléon.

L’empereur lui-même ne savait que penser, son cœur bondissait d’une joie surnaturelle ; il lui semblait sans doute qu’il y avait dans ceci quelque chose de plus que terrestre, qui pourrait bien être une transition de ce monde d’ici-bas, dont il avait déjà assez, vers ce monde d’au-delà, auquel il rêvait.

Le vaisseau avançait rapidement, et la statue-montagne se dressant jusqu’aux nuages, on reconnut qu’elle avait plus de dix mille pieds de hauteur, et que sa base se baignait dans la mer.

La ressemblance de ses formes avec celles de l’empereur était si remarquable, et tel était l’art avec lequel elle avait été construite, que depuis l’instant où, à plus de quarante lieues, le premier matelot avait crié en l’apercevant : « Napoléon ! » cette ressemblance avait sans cesse augmenté, et qu’arrivé à ses pieds, l’équipage, en levant la tête pour la revoir dans