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Lorsque le vaisseau, voguant vers le nord-ouest, eut perdu de vue l’île Sainte-Hélène, Napoléon parut soulagé ; il redevint calme comme s’il avait retrouvé la liberté de son esprit, et sembla même avoir oublié tout-à-fait cette émotion qui l’avait si vivement saisi.

Un an plus tard, on put comprendre le sens et le but de ces paroles, mais non pas leur motif, lorsque, à son retour en Europe, l’empereur, ayant envoyé une escadre à Sainte-Hélène, fit transporter à bord des vaisseaux tous les habitants et toutes leurs richesses. L’île, ainsi dépeuplée, fut minée dans tous les sens, remplie dans ses plus grandes profondeurs de volcans factices et puissants qui rassemblaient dans eux tout ce que la physique la plus nouvelle avait pu réunir de forces en gaz comprimés, en vapeurs terribles, en poudres destructives, et, quand tout eut été disposé, alors l’escadre s’éloigna en mer, à plus de cinquante lieues de cette île infernale. L’explosion de toutes ses mines éclata avec un retentissement épouvantable et tel qu’à cette distance les vaisseaux l’entendirent et en furent émus, et que la mer, soulevée par ces désordres immenses, prolongea jusqu’à eux un reste encore terrible d’agitation et de tempête.