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vorisé par les vents, il se trouva bientôt en vue de l’île Sainte-Hélène.

Nous devons nous arrêter ici pendant quelques instants, et parler de l’impression extraordinaire que l’aspect de cette petite île au milieu de l’Océan produisit sur l’âme de Napoléon. Au moment où, les matelots ayant signalé l’île, le général Bertrand vint apprendre que Sainte-Hélène apparaissait à l’horizon, l’empereur pâlit, une sueur froide parut tout-à-coup se répandre et briller sur son front ; on eût dit qu’un danger inconnu, qu’une apparition effrayante étaient venus glacer son âme et son sang. « Sainte-Hélène ! » dit-il d’une voix sombre, et il laissa tomber sa tête sur sa poitrine, comme oppressée d’une douleur poignante.

Les rois et les généraux le regardaient stupéfaits, ne pouvant comprendre cet effroi. Le temps était calme, la navigation rapide et heureuse, et l’approche de Sainte-Hélène, île de repos pour les navires dans ce grand voyage de l’Inde, était un autre bonheur pour les matelots et l’armée, qui allaient renouveler l’eau et les vivres, et toucher la terre.

L’amiral Duperré, commandant le vaisseau, vint prendre les ordres de l’empereur, et lui demanda quand il faudrait aborder.