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lir. Là, un grand souverain avait, à peine un siècle avant, tracé des lignes, marqué des places, indiqué des édifices, et tout-à-coup, à sa volonté, des merveilleuses constructions étaient venues en foule et obéissantes se presser et s’aligner dans ce désert, et comme une armée de palais et de temples manœuvrer dans cet espace avec un ordre admirable. Une population immense était aussitôt arrivée, et la jeune capitale de la Russie avait déjà tous les caractères de l’éternité humaine.

Ce que la création avait fait d’un seul coup à Pétersbourg, ce que l’incendie avait fait à moitié à Londres, il fallait toute la lenteur des siècles pour l’effectuer à Paris ; mais Napoléon était assez fort pour comprimer le temps dans ses mains, et il se promit la régénération prompte de sa ville chérie, au milieu de ses études de la ville conquise.

Cependant les troupes russes, disloquées pour ainsi dire, étaient disséminées sur tous les points de l’empire moscovite, et surtout portées vers les extrémités orientales, tandis que la grande armée se réunissait sous les murs de Saint-Pétersbourg et occupait les côtes depuis Riga jusqu’à Cronstadt, et aussi les provinces et les villes voisines de la capitale. L’empereur or-