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tait plus qu’à quelques pas, lorsqu’il vint à lui, agitant sa queue en signe de joie, et balançant ses flancs avec tendresse, puis, étant enfin parvenu jusqu’à ses pieds, il s’enroula autour de lui, se coucha sur le dos, étendit ses pattes énormes en l’air, se jouant avec l’une des mains de Napoléon, qui trempait l’autre dans les rudes tresses de sa crinière.

Ils restèrent ainsi pendant quelque temps, comme deux anciens amis. Napoléon, ne se fiant pas trop à cette affection subite, n’en était pas moins embarrassé et ne savait comment se retirer et terminer cette scène ; mais, le noble lion semblait avoir tout oublié ; son œil, devenu jaune et humide, se fermait à moitié et regardait doucement l’empereur ; il jouait comme un jeune chat avec son compagnon, et ses pattes veloutées et sans griffes se raidissaient et s’étendaient sur lui avec amour.

C’eût été un merveilleux spectacle à contempler que cette union et ces jeux si étranges.

Enfin, Napoléon, après quelques instants, se crut assez maître de l’animal pour se lever et l’appeler à lui. Le lion le suivit tranquillement et la tête basse, comme un chien fidèle, et tous deux sortirent du bois où cette scène s’était passée.