Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/316

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les barbares l’accueillirent dans un silence profond et avec une volupté barbare.

Mais quelques instants s’étaient à peine écoulés, et déjà des cris de douleur avaient succédé à ces cris de joie ; les malheureux soldats ne pouvaient se soulever de leurs sièges, et étaient frappés comme d’une mort foudroyante. Ce fut un spectacle affreux, et le général Rapp, qui le premier devina le crime, tira son épée, et, d’une voix mourante, s’écria : « Aux armes ! »

Mais il n’était plus temps, car, au même moment, des milliers de sabres et de poignards brillèrent tout-à-coup dans les mains des habitants de Balkh ; ils envahirent le banquet, et se précipitèrent avec des hurlements affreux sur ces infortunés que le poison tuait avant le poignard. Leur rage ne connut point de bornes : ils frappaient avec furie, et quelques heures ne s’étaient point écoulées, qu’ils avaient égorgé sans exception ceux qui avaient pu se débattre contre l’agonie.

Ils tranchèrent la tête du général Rapp, et, l’ayant placée au haut d’une pique, ils l’exposèrent sur le plus élevé de leurs minarets, et ils jetèrent les corps des autres Français dans la plaine, sans sépulcre et souillés des plus abominables profanations.