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religieuse, les soldats français affranchissaient tout d’abord lorsqu’ils détruisaient le culte de Mahomet dans les villes, se mêlaient aux vainqueurs, et excitaient encore, par leurs regards et leurs chants, les joies de cette bouillante jeunesse.

Cependant, de leur côté, les habitants de la ville s’étaient rendus en grand nombre dans la plaine ; ils se tenaient à quelque distance des vainqueurs, et se livraient entre eux à de secrets entretiens ; une fureur cachée, et qu’on eût dit satisfaite, rompait par intervalle la gravité sinistre de leurs traits. C’est qu’une nouvelle inattendue venait en effet de se répandre dans la ville de Balkh ; on s’apprenait à l’oreille que Napoléon avait été assassiné à Caboul, et que son armée fuyait en désordre vers l’Hindoustan.

Les habitants de Balkh ne voulurent pas rester en arrière dans cette marche du crime. Ces vins exquis recélaient le poison le plus subtil ; ces femmes, qui étaient elles-mêmes dans le secret, fascinaient les soldats, et leur versaient avec abondance ces liqueurs dont, sous un prétexte religieux, elles persistaient à s’abstenir ; et lorsque, sur la fin du banquet, quinze cents voix, d’un commun accord, portèrent un toast à la gloire de l’empereur et de la grande armée,