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victoire de Jérusalem était la destruction de leur croyance et l’accomplissement des prophéties.

Le lendemain, Napoléon retourna de grand matin sur le champ de la victoire ; d’une éminence voisine, il contempla silencieusement cette montagne de trois cent mille corps des vaincus, qui semblait un seul cadavre ; il fut ému, ce spectacle parut absorber son âme dans de profondes et singulières pensées. Devant ces débris du mahométisme il gémit presque sur la destruction de cette croyance à laquelle il venait de porter le dernier coup ; il n’avait pas de haine contre elle, c’était un sacrifice fait plutôt à sa politique qu’à son opinion. On croit même que cette religion avec son fanatisme, ses couleurs orientales, son enthousiasme, son énergie et son entière soumission au chef, plaisait à son esprit. Vingt années auparavant, il avait songé à ceindre le turban et à rejeter la France qui l’exilait dans ses conquêtes ; il hésitait alors si, à défaut d’elle, il ne se ferait pas une monarchie dans l’Orient. L’histoire a fait connaître avec quelle vénération à cette époque il avait protégé les croyances musulmanes, et avec quelle égalité, qui depuis lui a été si reprochée, il mêlait en Égypte les noms du Christ et de Mahomet, lors-