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l’avoir entendu, il fit quelques pas dans l’église, et arrivé en face du sépulcre il fit apporter un brasier ardent, et ayant lui-même rompu et déchiré l’étendard de Mahomet, il le jeta en débris au milieu des flammes. Les prêtres, qui n’étaient pas avertis de cette solennité subite, s’y mêlèrent avec enthousiasme ; les chants des psaumes, et les parfums des encensoirs accompagnèrent cet holocauste vengeur ; et quand tout fut consumé, Napoléon se retira au milieu des mêmes acclamations, et l’armée et le peuple s’écrièrent à la vue de ce sacrifice symbolique que la religion mahométane avait cessé d’exister sur la terre.

Elle avait en effet vécu, et sa fin ne surprit pas ses fils. La tradition mahométane annonçait depuis longues années l’arrivée d’un autre messie qui la frapperait à mort. Car les musulmans, malgré leur fanatisme, ne voyaient leur religion que comme une religion viagère et qui devait finir ; ils ne pouvaient douter de sa future disparition, et cette double et inexplicable conviction de sa vérité et de sa chute ne paraît pas la marque la moins certaine de leur aveuglement, et de leur fanatisme irréfléchi. Les événements qui venaient de les écraser leur apprirent que le temps était arrivé, et pour eux la grande