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Pendant les huit jours qui suivirent, l’empereur eut soin de soutenir et d’exalter cet enthousiasme. Des prédications à la fois guerrières et religieuses excitaient les esprits si disposés à ce sentiment au milieu du théâtre de leurs croyances et sous le ciel de Jérusalem. C’était une merveille étrange que cette nation militaire transportée dans l’Orient et transformée tout-à-coup en lévites du Christ. La piété, une piété soudaine, avait inondé ces âmes desséchées, et cette armée européenne se nommait elle-même avec orgueil l’armée chrétienne.

Napoléon se félicitait de ces dispositions, et ne tarda pas à les mettre à profit. À peine ces huit premières journées s’étaient-elles écoulées, qu’il parla de retourner vers Saint-Jean-d’Acre pour y venger sa défaite, et y jouer une seconde fois la conquête de l’Asie. Déjà les préparatifs de départ commençaient, et l’armée, dans l’enthousiasme, demandait à grands cris d’être conduite contre les ennemis de la croix, lorsqu’on apprit que le sultan Mahmoud s’avançait lui-même avec toutes les forces de l’islamisme vers la cité sainte des chrétiens, comme pour abîmer dans une seule destruction Jérusalem et l’armée européenne avec son chef et le christianisme. Telles étaient au moins les promesses que le sul-