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après ce premier étonnement de l’irruption des Turcs, allait recommencer, et que la discipline européenne retrouvait sa supériorité.

Lorsque tout-à-coup un bruit se répandit de rang en rang. L’empereur était blessé, disait-on.

Cela était vrai.

À cette nouvelle, l’armée s’arrêta dans la stupeur, et ne songeant plus à se défendre ; il semblait qu’elle fut frappée au cœur dans la personne de son chef.

On vit bientôt Napoléon, pâle et maîtrisant un cheval fougueux, parcourir les lignes au galop ; mais sa présence même, au lieu de rendre aux troupes leurs forces morales, ne fit que les confirmer dans leur désespoir, car on voyait le sang couler de sa cuisse, qu’une balle avait atteinte.

C’en était fait de cette journée ! Les Turcs, baignés dans le sang de leurs frères et de leurs ennemis, mais non rassasiés de carnage, poursuivirent les débris des troupes françaises, qui se retirèrent en désordre après avoir fait des pertes énormes.

Vers trois heures, l’armée française, pour la première fois depuis vingt ans, se retira d’un champ de bataille en y laissant un ennemi vainqueur.