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et mourir eux-mêmes après ce dernier épuisement de vie et de vengeance. Il y avait pour les Français comme une double armée à combattre : celle qui se battait debout, et celle qu’on avait laissée derrière sur le champ de bataille, après l’avoir mortellement frappée.

D’un autre côté, la cavalerie turque se précipita innombrable et de tous côtés sur les lignes françaises en désordre : elle en fit un carnage affreux ; l’infanterie, dont la force est dans la masse, désunie et rompue de toutes parts, ne pouvait se défendre et était accablée.

Cependant, Napoléon, désespéré, parvint, vers deux heures de l’après-midi, à force d’énergie et d’habileté, à rallier, à quelque distance du champ de bataille, l’aile gauche de son armée, à la tête de laquelle venait d’être blessé à mort le maréchal Berthier. Cette partie de l’armée avait moins souffert ; Napoléon, en ayant pris le commandement, la ramena en ordre sur le champ de bataille. Le centre, commandé par le maréchal Belliard, se rallia aussi, et l’aile droite, qui avait le plus perdu dans le commencement de la bataille, à la vue de cette réunion de troupes reparaissant comme une seconde armée, reprit à son tour une nouvelle énergie, serra ses rangs éclaircis, et il sembla que la bataille,