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L’empereur n’avait pas pensé ainsi ; s’il avait été lui-même étonné de cette fuite silencieuse il n’ignorait pas cependant que, placé à la garde et à la porte de l’Asie, l’islamisme lui apparaîtrait, quand le temps serait venu, terrible d’énergie et de fanatisme, et qu’en Syrie serait la grande lutte qui déciderait de la conquête de l’Orient et de la religion de Mahomet ; aussi avait-il préparé de grandes forces pour faire face à des ennemis qu’il était loin de mépriser.

À la nouvelle de l’arrivée des troupes européennes en Asie, le sultan Mahmoud avait solennellement déployé l’étendard du prophète, et avait appelé au nom de Dieu et de Mahomet tous les musulmans à la défense du pays et de la religion. Dans toutes les villes les mosquées retentissaient des voix des prêtres, les places publiques des cris de guerre ; jamais le fanatisme ne s’était exalté plus vif et plus enflammé ; tous les cœurs étaient soulevés, et la nation de Mahomet se trouva tout-à-coup prête à recevoir l’ennemi.

Cependant, parmi les pachas, quelques-uns, gouverneurs des provinces rapprochées de la Perse, hésitaient encore à venir se joindre à l’armée du sultan, qui cependant, et sans eux, forte de plus de trois cent mille hommes, se réunissait sous les murs de Saint-Jean-d’Acre.