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Mais lui était rêveur devant elles, ou plutôt il n’y pensait pas, elles lui paraissaient à présent plus petites, et il ne dit pas une parole.

Il ne poussa pas plus loin sa marche ; un fait était assez constaté, la soumission silencieuse de l’Égypte. Là d’ailleurs n’étaient pas ses desseins ; l’Égypte est comme une terre neutre placée entre l’Afrique et l’Asie, tenant peu de l’une et de l’autre ; contrée de passage, qui par elle-même offrirait peu d’intérêt à la conquête si la conquête devait s’arrêter chez elle : pour Napoléon elle était plutôt un moyen qu’un but.

Il quitta bientôt le Caire, n’y laissant qu’une assez faible garnison, un gouverneur français et un drapeau tricolore, et avec le reste de ses dix mille hommes il alla rejoindre son armée en Syrie.

Avant d’atteindre l’isthme de Suez il reconnut avec émotion les fortifications de Salahieh et de Belbeys, que dans la première guerre il avait fait élever par les soins du chef de bataillon du génie M. A. Geoffroy. Ces ouvrages existaient encore. Napoléon se rappela cet officier qu’il aimait et qui depuis était mort si jeune à Austerlitz ; son cœur se serra à cette vue, le souvenir de ce brave et savant militaire lui revint, mêlé de regrets. « Si Geoffroy était là, » dit-il.