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sité heureuse du corps social. Napoléon voyait plus simplement dans ces hautes questions, et par cela même il les contemplait avec plus de grandeur. Il avait recueilli de l’abbé Raynal, maître qu’il avait tant admiré jadis, et si bien renié depuis, cette maxime, que, si le crédit est la vie des fortunes privées, il tue celle des états.

L’amortissement était de beaucoup insuffisant. Tout ingénieuse que fût cette machine, son action était trop faible pour pomper et dessécher cette sentine des misères publiques. La banqueroute ! il en avait horreur. Les citoyens avaient donné cet argent à l’état : l’état devait le leur conserver ou le restituer avec loyauté, car l’état est un être qui a sa grandeur et sa loyauté, sa bassesse et sa honte.

Il savait aussi qu’en France l’argent est une chose sérieuse ; que les Français sont peu changés depuis les Gaulois de César, lorsqu’ils s’assouplissaient aux victoires et au despotisme du Napoléon de Rome, et qu’ils se révoltaient avec fureur quand celui-ci voulait les surcharger de l’impôt du cinquantième de leurs revenus. Il savait qu’il pouvait leur demander sans mesure leur vie et leur sang, mais qu’il devait mettre la plus grande réserve à leur demander leur or.