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à la suite d’un commentaire latin de Jornandès sur la Cité de saint Augustin, et ces deux ouvrages, écrits vers la même époque, avaient été, grâce à la rare intelligence de quelque moine relieur, réunis dans un seul tome, et, comme cela devait être, le premier feuillet ainsi que le titre mis au dos annonçait en grosses lettres Jornandis commentaria, sans qu’il fût question du reste.

Heureusement Jornandès avait été court, et Sylla régnait sur les quatre cinquièmes de l’épaisseur du volume.

Ce fut une merveilleuse découverte. L’histoire romaine, si façonnée dans Tite-Live, si incomplète dans les autres historiens, apparaissait dans ce livre, toute nouvelle, toute nue, toute vivante ; on sut dès lors ce que c’était que Rome et les Romains. Ces vingt-deux livres de commentaires commencés par Sylla dès son plus jeune âge et auxquels il mettait, selon Plutarque, la dernière main deux jours encore avant sa mort, révélaient à la fois, avec l’âpreté d’âme et de style de l’auteur, et le mépris des hommes et des convenances qui le caractérisait, cette orageuse ville de Rome avec sa guerre chronique des patriciens, du peuple et des chevaliers, la lutte furieuse de Sylla et de Marius, enfin l’histoire de Sylla lui-même dans les guerres d’Afri-