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c’était que la liberté, ayant assez de ces deux choses, l’égalité de tous, et la haute puissance d’un seul.

Le peuple français, cependant, marchait toujours à la tête de ces nations, il semblait leur commander, comme Napoléon aux rois : c’était le peuple patricien ; plus près de Napoléon, il s’arrogeait plus particulièrement le droit d’être à lui, car il était dans le sanctuaire, et les autres nations étaient placées plus bas.

Napoléon, après avoir ainsi fait pour les rois et les peuples, voulut aussi faire quelque chose pour l’Europe elle-même ; et il l’agrandit.

Et certes cette pensée était neuve.

Car s’il y a quelque chose de sacré dans l’histoire de la terre, c’est cette division mystérieuse et immémoriale du vieux monde en trois parties, l’Europe, l’Asie et l’Afrique ; il semble que ce soit là comme un partage fait par Dieu lui-même. Le monde a vu les empires changer cent fois et de noms et d’étendue, naître, vivre et mourir, enfouissant les peuples qui s’écroulaient avec leur souvenir dans un muet passé, et toujours à travers ces révolutions subsistaient, sans avoir été déplacés, ni dépouillés de leur nom, le grain de sable où vient finir l’Europe et commencer l’Asie, le flot où vient expirer le nom d’Asie