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— « Tu parles à ton frère et non pas à l’empereur, » dit Napoléon en lui serrant la main.

— « Eh bien ! Napoléon, s’écria-t-il, je vivrai, mais dans ta garde, simple grenadier, comme je l’étais il y a trente ans, afin de reconquérir avec mon sabre et mon sang ton amitié et mon pardon.

— « Tu as raison ! tu es le premier soldat du monde, lui dit l’empereur ; la politique te sied mal, Murat, tu as trop de cœur pour elle : c’est la gloire qu’il te faut. Eh bien ! tu resteras soldat entre les rois et moi, et tu seras plus qu’eux ; mon lieutenant en Europe, et, si Dieu le veut, dans le monde.

— « Oh ! » dit Murat, et fondant en larmes, il se jetait à ses genoux, mais Napoléon ne lui en laissa pas le temps ; ils s’embrassèrent étroitement, leurs larmes se confondirent. Jamais peut-être plus de joie n’avait gonflé les cœurs de ces deux hommes, et de plus douces larmes n’avaient coulé sur de plus nobles têtes.

— « Écoute, dit Napoléon, ton fils ira s’asseoir sur ce trône qui t’éloignait trop de moi, et tu joindras au titre de roi celui de lieutenant de l’empire. »

Murat ne pouvait répondre, tant son cœur était plein de reconnaissance et de bonheur.