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sa famille éplorée. Les heures s’écoulèrent dans des scènes déchirantes ; la reine et ses enfants poussaient des cris de désespoir, et le couvraient de larmes et d’embrassements. Mais lui, avec la vigueur de son caractère, surmonta toutes ces douleurs, reçut leurs adieux, les embrassa mille fois, et affectant une extrême fatigue et le besoin de repos, il se sépara d’eux et demeura, vers dix heures du soir, seul dans le salon qui avait été destiné à cette dernière nuit de sa captivité et de sa vie.

La fatigue avait tellement dompté ses sens, qu’il ne put résister au sommeil, et quelques instants après le départ de sa famille, il se jeta dans un fauteuil, et s’endormit profondément.

Une heure s’était à peine écoulée, lorsque le bruit d’une porte qui s’ouvrait l’éveilla en sursaut ; il se leva rapidement de son fauteuil, et vit en face de lui, à la clarté affaiblie d’une bougie, un homme seul, vêtu d’une redingote grise, la tête couverte de ce chapeau si connu… c’était Napoléon qui se tenait en silence à quelques pas, et les bras croisés.

À cette vue, le sang de Murat tourbillonna et roula dix fois, tour à tour ardent et glacé, dans ses veines ; les sentiments les plus violents l’agitaient, mais l’inattendu de cette apparition