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établi les preuves du crime, et arrivant à la peine qu’on devait appliquer, il demanda si les actes du roi de Suède n’étaient pas en dehors de toute justice ordinaire, et si les lois du peuple pouvaient atteindre le caractère d’un roi. Il finit en disant qu’il y avait lieu de croire que la justice et la loi devaient, dans cette circonstance inouie, se réunir et découler à la fois de cette cour de rois, en fixant, dans l’arrêt auguste qu’ils allaient rendre, et la législation nouvelle concernant le crime du roi de Suède, et la décision conforme aux principes que cette législation aurait établis.

À peine l’archichancelier avait-il cessé de parler, que Murat, se tournant vers lui, lui dit à haute voix : « Monsieur Cambacérès, c’est la seconde fois de votre vie que vous pesez dans vos mains le sort d’un roi ; mais vous avez aujourd’hui d’étranges complices. »

L’archichancelier baissa la tête en signe de respect.

L’empereur demanda au roi de Suède s’il avait quelque observation nouvelle à présenter.

— « Non ! reprit Murat avec une énergie nouvelle ; mais songez-y, rois qui m’écoutez, et qui vous arrogez le droit de décider de mon sort ; songez que vous vous dégradez de vos