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imprudent de puissance, cette conquête indiscrète qui irrita l’empereur. Sans le dire, il avait voulu faire savoir aux rois qu’un seul coup de canon ne devait pas se tirer en Europe sans sa permission.

Aussi, Murat paya-t-il cher cette prétention de conquête, et la parodie qu’il avait cru faire de son beau-frère. Il alla sous le ciel de plomb de la Scandinavie rêver à cet exil royal… et à sa vengeance.

Sa vengeance ! car son âme fière ne resta pas un instant sans en nourrir les projets. La haine avait désormais remplacé tout autre sentiment dans son âme, et c’était cette haine implacable qui succède, pour la tuer, à la reconnaissance, et qui grandit même des bienfaits qu’on a reçus.

À peine arrivé dans ses nouveaux états, il mit tout en œuvre pour préparer un avenir de vengeance. Il essaya tout d’abord de renouveler cette ligue du nord-est terrassée en 1816. Ses tentatives furent vaines : les rois de Russie, de Bohême, de Moscovie, ne savaient plus qu’être esclaves ; leurs têtes, toutes fumantes encore des coups de la foudre, se baissaient devant l’aigle, et ne songeaient plus à se relever. Le Danemarck, la Pologne et la Saxe, alliés plus fidèles, repoussèrent plus nettement les propo-