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la conversation même embarrassée ; toujours débordé par sa pensée, la parole était pour lui un instrument imparfait pour la recueillir. Toutefois, il s’était assez tracé une ligne invariable pour répondre à Napoléon qu’il y avait deux forces au monde, Dieu et l’empereur, que ces deux forces pouvaient s’aider, mais non se confondre ; que ce serait folie et sacrilége de voir dans la religion un appui esclave ; et que, pour lui, il ne voyait dans cette alternative que l’homme qui dût aller à la remorque de la religion.

Ils ne s’entendaient plus.

Napoléon devint pressant, terrible même. M. de Lamennais, la tête baissée, était aussi calme devant la séduction que devant l’effroi.

Alors, ils conversèrent ensemble sur les matières les plus élevées de la religion et de la politique ; mais l’histoire n’a rien su de la fin de cette conversation, aussi mystérieuse que les mystères qui y furent soulevés par ces deux grandes intelligences.

M. de Lamennais crut devoir en garder le secret, car il y a des idées qui sont trop fortes pour l’humanité.

Après cinq heures d’une entrevue animée, quelquefois même heurtée par la colère de l’em-