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reur lui ouvrit les bras, et l’autre s’y jetant, ils s’embrassèrent tous deux.

La fermeté du soldat le quitta en ce moment, il pleura aussi.

— « Voilà deux fois que votre majesté m’embrasse aujourd’hui, dit-il en essuyant ses yeux ; j’aurais mille vies, que cela ne vaudrait pas cette joie, et je ne serais plus heureux si je vivais après cela ! »

Napoléon le regardait avec des yeux humides.

— « Adieu ! sire, dit-il ; adieu !… » Et il se retira.

L’empereur, absorbé dans ses réflexions, ne se leva point. Près de la porte, Guillaume Athon se retourna encore, et lui dit avec simplicité :

— « Adieu ! sire, je retourne à la caserne ; à ce soir… adieu ! »

Et il disparut.

Il y avait, comme lui, dans la grande armée, des âmes simples, énergiques et bronzées à la fumée des batailles.

Le lendemain de cette journée, on apprit que, la veille, vers neuf heures du soir, le corps de Guillaume Athon avait été trouvé frappé au cœur de trois coups de baïonnette. Rien n’indi-