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— « Roi !… Comme vous voudrez, sire. »

À cette réponse faite avec insouciance et flegme, l’empereur le regarda d’un œil scrutateur.

— « Oui, roi ! Voilà un trône vacant ; tu peux aller t’y asseoir. (C’était la place du vieux roi Georges III, malade et mourant à Glasgow.)

— « À la bonne heure ! »

En disant ce peu de mots, il allait s’y placer avec la même aisance et la même incurie, quand l’empereur, l’arrêtant, lui prit la main et l’embrassa. — « Je te consacre roi. Va t’asseoir, dit-il.

— « Je ne comprends rien au reste, dit le soldat ; mais mon général m’a embrassé. » Et deux grosses larmes roulèrent dans ses yeux.

Il alla s’asseoir sur ce siège royal, et, regardant tous ses nouveaux collègues d’un air glacé, il s’enfonça dans le fauteuil, remit sur sa tête son bonnet de police, et allait s’endormir peut-être, lorsque l’empereur, se levant, dit d’une voix terrible :

— « Vous savez qui je suis, messieurs, et maintenant aussi ce que sont des rois. Allez, le conseil est levé. »

Et il se retira.

Les rois traversèrent lentement la grande galerie de tableaux, pour retourner dans leurs