— « Oui, sire.
— « C’est l’œuvre d’un barbare, monsieur ; votre conscience du crime vous fait deviner le châtiment.
— « Ce sera mon dernier sacrifice, sire ; je l’attends avec calme.
— « Un sacrifice ! Que voulez-vous dire ?…
— « J’avais toute ma fortune à Moscou et dans mon château ; c’est chez moi que le feu a été mis d’abord ; j’ai tout sacrifié à ma patrie, il n’y manque plus que ma vie.
— « Dites que vous avez sacrifié votre patrie, en l’inondant de flammes et la réduisant en cendres.
— « Et s’il n’y a que les flammes et la cendre où votre majesté ne puisse vaincre ! »
L’empereur se promenait rapidement, les lèvres pâles et frémissantes.
— « Quelle rage ! dit-il, quelle folie ! Vous vouliez faire le Brutus russe, monsieur, mais sont-ce vos enfants que vous avez tués ?
— « C’est à ma patrie à me juger, sire…
— « Votre patrie !… » et il s’arrêta en le regardant avec des yeux étincelants. « Votre patrie !… mais qui me dit que ce n’est pas plutôt un horrible holocauste que vous faites à votre souverain ! Qui me dit que ce n’est pas le sacri-