Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tête, pour ainsi dire, tant la crainte respectueuse opprimait uniformément ces fronts à bandeau royal.

Cependant les trois conseils tenus ainsi dans les trois années qui avaient suivi 1816 avaient vu se modifier leur attitude ; l’esprit royal, qui ne peut quitter entièrement ceux qu’il a consacrés, recommençait à les illuminer de nouveau, et le temps, qui enlève toujours quelque chose même à la gloire et à la puissance, avait réveillé leur faiblesse, et leur avait fait sentir davantage le poids lourd de leur asservissement.

Un jour, c’était le 20 décembre 1819, Napoléon, au milieu du conseil, émit une idée toute nouvelle ; il voulut, je ne sais par quel dédain, inviter les rois dans cette séance à consentir une sorte de charte royale qui les enchaînait encore plus étroitement aux pieds de l’aigle impériale. Ainsi cette soumission si éclatante, quoique tacite, de ces rois feudataires, ne lui suffisait plus. Et dans ce caprice du moment, il lui paraissait nécessaire qu’un acte solennel émané d’eux-mêmes apprît à l’Europe et à chacun de leurs peuples tout ce qu’il y avait de certain, de patent, d’officiel dans leur servitude.

C’en était trop pour des cœurs de rois accoutumés à l’adversité, mais non pas à la honte.