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presque de l’histoire, et son nom ne pouvait plus agir sur les masses.

Aussi l’empereur savait-il qu’il n’était plus à craindre, et qu’il avait tout à gagner en attirant à ses côtés cet illustre général au moment d’une grande guerre dont il soupçonnait l’approche.

Moreau arriva en France, et fut aussitôt présenté à l’empereur. Napoléon se leva, courut à lui et l’embrassa. « Monsieur le maréchal, lui dit-il, mon ambassadeur avait oublié de vous parer du plus glorieux de vos titres. » Puis il dit à haute voix et avec majesté :

— « Je vous salue, prince de Hohenlinden. »

À ce nom de la victoire qui l’avait tant illustré, Moreau s’inclina en saisissant la main de Napoléon ; il allait la baiser avec reconnaissance, quand celui-ci le relevant, ils s’embrassèrent une seconde fois. Dès ce moment, Moreau fut gagné d’amitié et de dévoûment à l’empereur.

Une immense fortune lui fut assurée ; un palais lui fut construit aux frais de l’état, dans la rue Caumartin, qui prit le nom de rue de Hohenlinden.

C’est qu’on pouvait alors impunément nommer une victoire vieille de seize ans.

Napoléon n’eut rien fait de tout cela quelques années plus tôt.