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vait faire redouter de l’avoir pour adversaire ; d’un autre côté, rien n’était plus à rechercher que son amitié.

Mme de Staël ne pouvait contenir son émotion, et, se jetant aux genoux de Napoléon, elle lui dit que, malgré sa douleur, elle n’en avait pas moins professé pour lui une sorte de culte, et que cette démarche faisait, en ce moment, déborder son cœur de joie et de reconnaissance.

L’empereur lui parla de son livre de l’Allemagne, que ses ministres avaient arrêté à l’impression. — « Platitude barbare ! s’écria-t-il. — Je veux, madame, que ce livre soit imprimé au Louvre, par les presses impériales. »

En lui parlant, il l’appela madame la duchesse.

« Votre majesté laisse tomber un titre, dit-elle en souriant.

— « Je l’élève jusqu’à vous, madame », lui répondit-il.

Puis il parla de l’Académie française, et lui demanda sérieusement si elle souhaiterait d’en faire partie. Mme de Staël répondit avec la même gravité qu’elle s’estimerait heureuse de cet honneur.

Il semblait qu’il ne dût pas même être élevé