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1812 sur le sommet de cette montagne, avait quelque chose de l’enthousiasme des Moscovites ; et, lorsque l’empereur, ayant devancé de quelques toises l’armée qui gravissait en silence, eut le premier placé le pied sur le mamelon sommet de la montagne, et qu’il se fut écrié : « Soldats ! voilà Moscou ! » ce cri se répéta comme le tonnerre, et les derniers rangs, qui ne voyaient point encore, s’écrièrent aussi : « Voilà Moscou ! »

Elle était là, cette ville, avec ses trente-deux faubourgs, ses mille clochers, ses coupoles d’or, ses flèches orientales, indiennes, gothiques, chrétiennes ; cité immense, qui ondoie parmi les nombreuses collines sur lesquelles elle se repose, semblable à une caravane de tous les peuples du monde, qui se serait arrêtée là, et y aurait tendu ses tentes.

L’armée française, se déployant sur le mont du Salut, contemplait ce magnifique spectacle, et promenait des yeux éblouis des lourdes tours du Kremlin aux clochers étincelants d’Ivanweliskoï. « La voilà ! » dit l’empereur en piquant son cheval blanc, et il traversait les rangs avec cette splendeur du conquérant qui illuminait son front.

L’armée cependant continuait sa marche.