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Tekour, était un Haoussa ayant accompli plusieurs pèlerinages à la Mecque, et l’autre un Tripolitain presque blanc nommé Salah. Ils étaient porteurs d’une lettre exprimant, au milieu des compliments de bienvenue, l’appréhension d’hostilités de notre part. De l’affaire Crampel pas un mot. Ils nous amenaient quelques chevaux, des ânes et des bœufs porteurs, moitié en cadeaux, moitié pour les vendre.

Je répondis à ce message par une lettre dans laquelle j’exprimais nos intentions pacifiques, et notre désir d’entrer en relations commerciales avec les musulmans. Dans ces circonstances, il fallait nous armer de patience et nous résigner à ne pas bouger.

La faiblesse de nos effectifs ne nous permettait pas en effet de nous lancer sur le Chari en laissant derrière nous des agents et des troupes en trop petit nombre pour être en sécurité, et si l’on songe que le poste du Gribingui était situé à 300 kilomètres de tout autre point occupé par nos soldats, on se rendra compte aisément du sentiment qui me guidait. Profitant des chevaux nouvellement acquis, M. Fredon; avec quelques hommes, partit pour Ouadda en courrier rapide. Malheureusement les pluies torrentielles, qui tombaient depuis quinze jours, rendirent la route fort pénible. Il mit un mois pour revenir après avoir crevé trois chevaux. Mais il nous apportait une bonne nouvelle, l’arrivée prochaine de M. de Rovira avec 35 hommes de renfort et des caisses de perles.