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nous. Il est vrai qu’il s’agissait d’un pli extrêmement urgent, et ce pauvre de Mostuejouls, en prononçant les mots extrêmement urgent, en avait comme un tremblement dans la voix. Moi-même je le crus porteur de secrets d’État. Plus tard, je sus que ce fameux pli était tout bonnement la nomination de Gouverneur de mon ami Liotard. Récompense bien due et légitimement acquise. Mais tout de même deux mécaniciens auraient suffi pour l’annoncer. J’avoue que, jusqu’à mon dernier souffle, je ne pardonnerai jamais cette mauvaise plaisanterie à son auteur, que je ne nommerai pas ici. Qu’il me suffise de dire que c’était un de mes collègues. Ainsi donc j’allais avoir à mettre en chantier un vapeur et pas de mécaniciens pour le monter… Tant pis, je m’en passerai. Tout est prêt pour le départ. Nous nous mettons en route, et, le 29 août, nous arrivons au Camp des Ungourras avec toutes nos charges.


un mandjia.

Pendant notre absence, Huntzbüchler n’avait pas perdu son temps. Les chefs indigènes, mis en confiance par ses bons procédés à leur égard, étaient animés de la plus grande bonne volonté. Les Kas, voisins des Ungourras, étaient venus le visiter et l’approvisionnaient régulièrement. L’un d’eux, nommé N’Guéré, tout jeune homme, très intelligent, dont la mère était une femme Mandjia, finit par donner quelques renseignements ; il apprit à Huntzbüchler qu’à quelques kilomètres du poste se trouvait une route allant chez les Mandjias, mais que, pour l’atteindre, il n’y avait aucun sentier. Mon vaillant collaborateur se mit à l’œuvre de suite et entama la construction d’une piste