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et cinq mois sont maintenant écoulés, et ni lettre ni nouvelle certaine de lui.

Ligne de conduite. — Je m’étais inquiété, dès mon arrivée et vu les basses eaux, de faire rassembler aussitôt par le sultan les pirogues voulues pour aller au Gribingui chercher la compagnie Jullien qui doit y être arrivée maintenant, et le ravitaillement. Malheureusement l’alerte qui vient d’avoir lieu, jointe à son manque d’autorité a empêché le sultan de me fournir les cent pirogues qu’il m’avait promises.

Il importe néanmoins de sortir au plus tôt de cette situation intenable et d’aller réoccuper Massenia toujours occupé par Alifa Moito et où presque tous les esclaves et beaucoup d’hommes libres sont retournés reconstruisant la ville et faisant les plantations sur l’ordre du sultan.

Nous ferons de notre mieux pour aviser au manque de moyens de transport ; j’envoie ordre à la compagnie Jullien de rallier Kouno.

Je n’ai encore aucune nouvelle de M. Gentil, dont j’ai appris avec plaisir la nomination comme commissaire du gouvernement. Je ne puis qu’attendre maintenant son arrivée, qui ne saurait tarder, avant de rien engager.

Signé : Bretonnet.


Comme on le voit par la lecture de ce rapport, qui ne m’est parvenu que le 23 juillet, le péril ne paraissait pas imminent. Bretonnet n’ayant pu réunir le nombre de pirogues nécessaires pour que la compagnie lui parvint, s’était décidé à lui donner l’ordre de le rejoindre. Il fallait donc qu’elle prit la route de terre. Or, Bretonnet, pour accomplir le même trajet, avait mis quarante-cinq jours. Il valait mieux attendre cinq ou six jours encore, que le Blot fut réparé, et le chaland monté, pour y embarquer la compagnie — car il nous fallait un maximum de douze jours pour atteindre Kouno par ce moyen. C’était donc vingt-cinq jours au moins de gagnés.

Je me décidai à adopter ce plan quand, quelques jours