Bretonnet, ayant réuni quelques chevaux et bœufs porteurs, talonné par l’idée que l’expédition allemande qu’on signalait à ce moment, pouvait nous devancer, et de plus pressentant les complications qui pourraient résulter pour nous d’un si brusque changement de politique, n’eut plus qu’une idée : se rendre sur les lieux le plus rapidement possible. Sans se préoccuper de la compagnie Jullien, à laquelle il avait donné l’ordre de stationner à Krebebjé, afin d’obtenir la soumission définitive de quelques groupes de G’Baggas hostiles, il se mit en route le 1er mai. Faute d’embarcations il adopta la route de terre passant chez Senoussi. Cette hâte très explicable le priva du concours de 150 hommes et d’officiers expérimentés. On peut dire toutefois, que s’il l’avait absolument voulu, il aurait pu partir à la même date avec la plus grande partie de ce contingent. En effet, le câblogramme ministériel mettant la compagnie Jullien à sa disposition, parvint à son commandant vers le 15 mars. Bretonnet l’avait reçu bien avant.
Si à cette époque, il avait donné l’ordre au capitaine de le rejoindre immédiatement avec son monde, et de laisser une dizaine d’hommes seulement pour accompagner le convoi dont cet officier avait la charge et qu’il devait livrer au Chari, il n’est pas douteux que la compagnie, à l’exception de ces dix hommes, aurait pu atteindre le Gribingui avant le 1er mai… Cela n’eut malheureusement pas lieu, et là encore, loin de moi, l’idée de critique.
On ne critique pas des gens qui ont fait non seulement leur devoir, mais plus que leur devoir. Mon rôle d’historien m’oblige cependant à des constatations, et je les fais, je le répète, sans la moindre arrière pensée…
Bretonnet était donc en route depuis le 1er mai pour Kouno. Il fut admirablement reçu à N’Dellé, chez Senoussi, où le second de M. de Béhagle, M. Mercuri, s’était établi depuis plusieurs mois. Après quelques jours de repos, il poursuivit sa route vers l’ouest. Outre son escorte, composée d’une trentaine