Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans ces contrées, y rendrait à l’avenir plus difficiles nos relations.

Me livrer au hasard serait aller contre les intérêts que je viens servir ici. Soyez persuadé que je n’en courrai pas volontiers le risque.

Signé : de Béhagle.


Au moment où cette correspondance s’échangeait Bretonnet était arrivé à la mission de la Sainte-Famille et avait avisé M. Rousset de sa venue au poste du Gribingui — trois semaines plus tard environ — M. Rousset en prévint M. de Béhagle, mais ce dernier, déjà impatienté par de longs retards, ne voulut pas attendre plus longtemps et se mit en route le 16 janvier.

Il n’entre pas dans mes intentions, en écrivant ce livre qui est avant tout une œuvre de bonne foi, de me livrer à la moindre critique. Je constate des faits, sans même vouloir les discuter. Il serait en effet déplacé, de juger des événements, qui se sont produits en mon absence. Telle mesure qui peut être bonne à un moment donné, peut avoir, si elle est appliquée trop tard ou mal à propos, des conséquences désastreuses. Aussi éviterai-je toujours de donner une opinion sur des actes dont je n’aurai pu apprécier l’opportunité sur place.

Il était en effet fort possible que la politique préconisée par moi, ne fut plus opportune et que les circonstances qui me l’avaient fait adopter fussent changées. Il ne faut pas oublier en effet que Rabah avait envahi le Baguirmi, que Gaourang, sultan de ce pays, l’avait quitté, et que par suite l’état avec lequel j’avais traité n’existait plus.

Celui qui voulait dans ces conditions pénétrer dans l’intérieur de l’Afrique, devait par conséquent employer d’autres moyens que ceux que j’indiquais. Mais ce qu’il m’est permis de dire et de constater sans parti pris aucun, c’est qu’il eût été préférable d’attendre. Un mouvement en avant, nécessitant un changement de politique radical, il eût été mieux, avant d’adop-