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NOTE V

mission de béhagle


Prins, je l’ai dit, avait été envoyé comme résident au Baguirmi, en mars 1898. Il rejoignait son poste, quand, aux environs du dixième degré, il aperçut des cavaliers baguirmiens qui l’avertirent de l’invasion du Baguirmi par Rabah, de la fuite de Gaourang et de sa présence à Kouno, à quelques kilomètres de l’endroit où se trouvait notre agent.

Conformément aux instructions reçues, Prins rejoignit le sultan qui s’était installé sur le fleuve, dans une zeriba très vaste qui lui servait de camp de guerre, et d’où ses soldats partaient pour aller razzier dans les environs, les villages païens tributaires. Une foule énorme, de plusieurs milliers de personnes, hommes, femmes, enfants, se trouvaient avec Gaourang, déguenillés, presque mourants de faim. L’arrivée de notre agent avec ses quelques sénégalais et les cinquante fusils que j’envoyais à Gaourang, ramena un peu d’espérance au cœur de tous ces gens. C’était pour eux la preuve qu’on ne les abandonnait pas, et que la promesse de protection qui leur avait été faite, au nom de la France, n’était pas vaine.

Quelques mois après l’arrivée de Prins, le vapeur Léon-Blot pouvait opérer une première descente. Il arrivait avec MM. de Béhagle et Mercuri. Ce dernier s’installa de suite à Kouno, et y ouvrit une factorerie. Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que les transactions ne seraient pas très actives. La population ruinée et en fuite, chassée de ses foyers, dépossédée de ses biens, n’était en effet guère capable d’alimenter un établissement commercial.

Dans ces conditions, il y avait une solution naturelle qui s’imposait. Le retour en arrière et l’attente d’un moment plus favorable. Le territoire entre Ouadda et Gribingui, sans être aussi