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Nous fûmes vainqueurs. Il fallait ou compter avec nous ou nous combattre. Très vraisemblablement le sultan Ibrahim qui se trouvait alors sur le trône et qui n’avait plus à redouter le péril Mahdiste se serait décidé à adopter à notre égard une attitude hostile.

Mais en présence de l’état troublé de son pays, il fut obligé de remettre ses desseins à plus tard.

La révolution grondait en effet au Ouadaï. Ce pays, sous le règne de Youssef s’était complètement inféodé aux Senoussyia. Ibrahim depuis qu’il était monté sur le trône avait essayé de s’affranchir de cette tutelle qui lui pesait. Ce fut en vain.

À l’instigation de Sidi el Mahdi, les grands seigneurs ouadaïens se mirent en révolte ouverte contre leur suzerain et marchèrent contre lui.

Battu dans une première rencontre, il est très probable qu’Ibrahim eut la pensée que nous pourrions l’aider à reprendre ses états. Si réellement cette pensée lui vint, il n’eut pas le temps de la mettre à exécution. Fuyant vers l’Ouest, c’est-à-dire vers nous, il fut rejoint par ses ennemis et tué.

Son successeur, imposé par Senoussi, est un de ses cousins, presqu’un enfant. C’est dire que dès à présent, nos chances de pénétrer pacifiquement au Ouadaï sont très diminuées.

Toutefois, d’après mes renseignements, une bonne partie des Ouadaïens n’est pas satisfaite de l’état de chose actuel. Il n’est pas impossible qu’une nouvelle révolution éclate d’ici quelque temps.

Il est donc indispensable pour nous de surveiller de très près tout ce qui se passera au Ouadaï, afin de profiter de la première occasion où une intervention de notre part, pourra se produire avec fruit.

À côté du Ouadaï se dresse la puissance toujours grandissante du chef de la confrérie, des Senoussyia, Sidi el Mahdi es Senoussi.

Les membres de cet ordre rayonnent non seulement dans toute l’Afrique, mais encore en Turquie et en Asie.