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Tchad, espérant se retirer ensuite à Goudjba avec les prises qu’il aurait faites.

Ce calcul ne lui réussit pas. Vigoureusement poursuivi par le colonel Destenave, puis par un détachement de deux cent-vingts hommes, commandé par le capitaine Dangeville, Fad’el Allah fut atteint et tué et ses troupes se rendirent.

Les faibles pertes que nous subîmes (sept blessés, dont un mort de ses blessures), prouvent évidemment qu’il n’y a pas eu un combat bien acharné et que Fad’el Allah n’était plus un adversaire bien redoutable. Mais il n’en est pas moins vrai que le système inauguré par lui, pouvait nous causer beaucoup de désagrément et que pendant bien longtemps, nous aurions été obligés d’immobiliser à Fort Lamy le gros de nos forces, ce qui nous aurait naturellement empêché de nous préoccuper de la question du Ouadaï.

À ce point de vue spécial, la belle opération du capitaine Dangeville en supprimant un élément de trouble très sérieux pour nous, est des plus remarquables.

C’est la ruine complète et sans aucun retour possible de la puissance rabiste, dont la chute avait été consommée à Koussouri. La mort de Fad’el Allah nous a délivré d’un adversaire gênant. Il en est d’autres avec lesquels nous devrons compter, je veux parler du Ouadaï et du chef de la confrérie des Senoussyia.

Ouadaï. — Puissance guerrière redoutable, le Ouadaï n’a pu voir d’un bon œil nos agissements au Baguirmi, au Khanem et au pays de Kouti, ses tributaires.

Toutefois, menacé d’un côté par les bandes de Rabah, redoutant de l’autre que les Mahdistes, vaincus par l’Angleterre, n’envahissent son territoire, le sultan du Ouadaï s’était renfermé dans une expectative prudente.

Aussi bien la lutte que nous engagions contre Rabah n’était pas pour lui déplaire. Si nous étions vaincus, la situation n’était pas sensiblement modifiée, si au contraire nous avions le dessus, il serait toujours temps de négocier.